Rom à Rennes
J’ai rencontré Bumbulé par l’intermédiaire d’un ami. Il vendait des journaux à la croisée des rues, ou comme les autres Roms, à l’entrée des magasins ou supermarchés. Nous avons sympathisé.
En 2006, il m’a proposé d’aller chez lui à Sepreus. C’est au cours de ce voyage (2300 km en 24 h), pas aussi contraignant qu’on pourrait le croire pour un peuple aux origines nomades, mais obligatoire afin de renouveler leur visa touristique, que j’ai eu l’occasion d’aller dans sa famille. J’ai été invité chez ses amis à manger le cochon de la fête du retour au pays, j’ai assisté à des cérémonies religieuses (pentecôtistes), participé à un mariage, rendu une visite lors d’une veillée funèbre…
L’occasion de me rendre compte du contraste entre une vie anonyme et en retrait, ici, et une vie communautaire, conviviale et paisible à Sépreus.
Trois catégories sociales permettent de distinguer sommairement les Roms de Sepreus (800 sur les 3100 Roumains habitant la commune). Ceux qui vivent dans leur maison de torchis sans jamais sortir du pays et qui à défaut de pouvoir trouver un travail, n’obtiennent que 25 € par mois d’aides sociales. Ceux, comme Bumbulé et sa famille, possédant une maison constituée de deux grandes pièces et d’une cuisine, qui trouvent leurs moyens de subsistance en France. Ils représentent une sorte de catégorie moyenne. Puis il y a ceux qui ont les moyens de s’offrir, aboutissement d’une vie de travail (en particulier en Irlande, Angleterre ou Ecosse) et symbole de la réussite, un « palais roms », immense maison symétrique de briques.
C’est ce périple et ces rencontres que retrace cette exposition.