C'est
à la demande de l'association Rennes-Poznan que je suis parti
réaliser ce reportage durant 12 jours au mois d'août de l'année
dernière. Ce travail s'effectuant en lien avec la Maison de la
Bretagne de Poznan, je suis entré en contact avec Elzbiétà
-responsable du département culturel- dont l'accueil à l'arrivée
m'a semblé mitigé, et pour cause. J'arrivais en avance sans avoir
prévenu et j'avais oublié les documents qu'elle m'avait envoyés...
Mon
approche a été de photographier d'abord tout ce qu'un visiteur
lambda découvre en premier lieu: les monuments de la place centrale
-Stary rynek-, l'église paroissiale Saint Stanislas l’Évêque ou
la cathédrale des Saints Apôtres Pierre et Paul. Ce dont la plupart
du temps il se contente. Puis, par cercles concentriques, je me suis
éloigné de ce périmètre pour m'attacher à ce qui constitue les
véritables centres d'intérêts des habitants: lieux de loisirs, les
commerces ou encore les entreprises (notamment la brasserie Lech). Et
au fil de la découverte de cette cité j'ai tâché d'ébaucher une
vision plus personnelle.
Après
deux jours passés, je montrais la première série de photos à
Elzbiétà qui, au fur et à mesure qu'elle les découvrait,
retrouvait le sourire. Il faut dire que les premiers jours de moisson
photographique dans une ville étrangère sont en général
fructueux. On récolte le plus voyant et le plus spectaculaire :
les monuments, les places animées... tout ce qui offre des photos
immédiatement flatteuses. C'est lorsqu'on approfondit et quand on se
confronte au moins convenu, au moins attendu, au moins fait pour se
montrer, que le travail devient plus exigeant.
Le
changement d'opinion d'Elzbiétà à mon endroit s'est opéré plus
résolument par hasard lorsqu'un soir, quatre jours après mon
arrivée, alors qu'elle circulait en voiture avec son mari, elle m'a
vu, à la nuit tombante, m'escrimant encore à accrocher les
dernières lueurs du jour sur la place Wolności. Elle est revenue
sur l'idée qu'elle s'était faite d'un photographe un tantinet
dilettante...
Je
m'attendais à voir une ville encore marquée par son passé de ville
de l'est. Ça n'a pas été le cas, j'ai été surpris de découvrir
une cité moderne, qui semblait comme récemment rénovée, avec des
habitants dynamiques et optimistes, épargnés par la morosité qui
sévit chez nous.
A
mesure j'ai construit l'exposition pour aborder les aspects les plus
représentatifs de cette ville. Une ville qui bien évidemment a
beaucoup plus à révéler, en particulier avec ses jeunes (je pense
notamment à ceux des containers dont l'arrogante jeunesse semble
vouloir tout réinventer). Et a commencé à m'apparaître, mêlés,
encore de ces résurgences de l'Est, un air post-soixante-huitard, un
peu de la prégnance de la religion, et aussi de la difficulté à
vivre d'aujourd'hui, en même temps qu'une volonté d'en découdre
avec l'avenir.
Je
pressens, au vu de ce que j'ai capté par le modeste prisme de ma
boite à images, que nous devrions compter avec la Pologne.